21 Janvier 2021
C’est le plat « national » du canton de Vaud, celui qui est dégusté traditionnellement le 24 janvier à la mémoire de l’Indépendance vaudoise de 1798, indépendance proclamée sur la Place de la Palud à Lausanne par les bourgeois des villes vaudoises.
Si on ne devait citer qu’un seul plat de chez nous, la réponse serait assurément LE PAPET, aux couleurs des armoiries vaudoise, vert pour le poireau et blanc pour les pommes de terre (ou le chasselas, au choix).
Comme toujours, il y a une multitude d’écoles différentes pour cette recette et chacun revendique la sienne. Aujourd’hui je viens revendiquer la mienne, approuvée et éprouvée (et quelquefois contestée) depuis belle lurette, pensez donc, un demi-siècle en cuisine…
Donc, pour cette recette, je vous le dis tout de suite, c’est NON, je ne fais pas revenir les poireaux dans de la graisse, cela n’apporte rien, ne serait-ce que du gras. Mais par contre c’est OUI, je termine mon papet avec un soupçon de crème, ceci pour le moelleux et la finesse recherchés. Et finalement c’est NON NON NON, je ne fais pas cuire et mijoter les saucisses sur les poireaux, pour moi c’est une aberration pour le papet qui doit rester léger et délicat et non imbibé de graisse et c’est un crime pour les saucisses qui seront elles, trop cuites et délavées. Le mariage des saveurs se fera dans l’assiette, lors de la dégustation, non de sort !
Voici ci-dessous un joli article d'archive de 1972
Car vous l’avez compris, ce papet se déguste avec la plus célèbre des saucisses vaudoises, la saucisse aux choux IGP, fleuron de notre charcuterie. Vous trouverez toutes les infos sur le site de la « charcuterie vaudoise ».
C’est en tant qu’ancien fabricant que je vous parle de ce produit, car à l’époque j’en ai fabriqué des tonnes de cette saucisse. Elle est vraiment extraordinaire, juteuse, moelleuse, légèrement acidulée par les choux, aromatisée au macis et à la coriandre et rehaussée par une légère note de fumé. Mais elle est délicate cette saucisse et l’on devra y prêter beaucoup d’attention lors de sa cuisson. Voici ma méthode : je prends un cure-dent que je coupe en deux et que j’introduis jusqu’à la moitié dans les deux extrémités de la boucle.
Je mets ensuite cette saucisse dans une casserole remplie d’eau froide et je fais chauffer jusqu’à une température maximale de 80°C.
L’eau ne doit même pas frémir, juste dégager un peu de vapeur. A partir de ce moment, je laisse cuire environ 30 à 35 minutes selon sa grosseur. Les cure-dents ici font office de soupape de sécurité mais en principe, si les saucisses sont de bonne qualité et que la température est respectée, pratiquement aucun jus ne devrait en sortir.
Une fois cuite, déposer la saucisse sur une assiette, attendre 5 minutes puis enlever les cure-dents, couper la ficelle, la débiter en morceaux et la servir aussitôt avec le papet.
Une dernière précision relative à la saucisse au foie qui est la cousine de celle aux choux mais qui est fabriquée dans le reste de la Suisse romande, notamment dans les cantons de Fribourg et Neuchâtel et celle-ci peut également être servie avec le papet. Dans la Broye, elle faisait aussi partie des « rupées saucisses », mais ça c’est une autre histoire.
Recette pour 4 personnes
Ingrédients
1,2 kg de poireaux
½ cuillère à café de bicarbonate de soude
500 g de pommes de terre, "bintje" par exemple
1 cuillère à soupe de bouillon de légume en poudre
2 dl de vin blanc sec (chasselas, vaudois si possible)
1 cuillère à soupe de fécule de maïs (Maïzena)
10 cl de crème acidulée ou crème normale à 35%
Sel, poivre blanc, muscade
1 trait de vinaigre ou de jus de citron
2 à 3 saucisses aux choux (ou au foie)